Le Mai Tai : histoire d’une icône tiki
Le Mai Tai : histoire d’une icône tiki
Même si cette boisson tiki essentielle figure sur des listes de cocktails à travers le monde entier depuis des décennies, commander un Mai Tai classique peut être en quelque sorte un pari – vous ne savez jamais exactement à quoi vous attendre. Parfois, il semble que chaque barman a sa propre idée de ce dont le cocktail devrait être: petit, grand, mélangé ou sur glace et de presque toutes les nuances de la roue chromatique.
L’ironie est que la formule originale du Mai Tai était déjà la meilleure et n’avait certainement pas besoin de correctifs ni de flair supplémentaire. Et le génie de cette première recette s’avérera être la source de toute cette confusion ultérieure : le succès fulgurant de la boisson fit en sorte que, alors que sa popularité se propagea rapidement à travers le monde, on oublia que c’était la simplicité et l’équilibre de la boisson qui en a fait un tel succès en premier lieu.
L’histoire du Mai Tai a bien failli être différente, car il est devenu une célébrité hollywoodienne de premier plan, et a même été brièvement le cocktail non officiel de la Maison Blanche, mais il a fini par retrouver le chemin de la maison – et il commence à revenir dans les grands bars tiki du monde entier.
Un cocktail avec une raison d’être
Tout a commencé en 1944, lorsque Victor Jules Bergeron, Jr. a décidé d’inventer une boisson expressément dans le but de mettre en valeur l’un de ses rhums préférés, le rhum de 17 ans riche et corsé J. Wray and Nephew de Appleton Estate en Jamaïque.
Bergeron mettait la touche finale au cocktail au Trader Vic’s, son bar à Oakland, en Californie, lorsqu’un ami de Tahiti est venu lui dire bonjour et déguster un cocktail tiki. Le tahitien l’a tellement aimé qu’il a proclamé « Maita’i roa a’e », ce qui signifie « le meilleur » ou « hors de ce monde ». Et c’est ainsi que le Mai Tai a obtenu son nom.
Le secret de la beauté du Mai Tai est que Vic l’a gardé simple et laissait transparaître le rhum. La recette originale était une boisson spiritueuse à cinq ingrédients (y compris le sucre), qui est née de la philosophie de l’amateur de rhum selon laquelle les meilleures expressions devaient être célébrées -et non diluées avec des fruits et des saveurs ajoutées.
Enchevêtré dans le tiki
Le Mai Tai original a passé ses premières années à se faire un culte auprès des amateurs de rhum au Trader Vic’s qui, en quelques années, était déjà l’une des destinations les plus animées de la ville. Alors que l’enthousiasme suscité par la culture tiki grandissait et que les cocktails devenaient de plus en plus célèbres, Bergeron a été approché pour concevoir des menus de cocktails pour des bars d’hôtels et des navires de croisière. Lorsque le classique Mai Tai a fait acte de présence sur la croisière de luxe Royal Hawaii qui transportait des voyageurs entre le continent et Honolulu, son destin était scellé. Dès que les passagers ont goûté à un Mai Tai pour la première fois, ils ont voulu le boire partout, tout particulièrement en vacances à Hawaï.
La popularité d’un cocktail peut se propager rapidement, mais cette recette précise ne s’est pas propagée aussi rapidement qu’elle l’aurait été sous l’ère Google. De plus, les recettes du Trader Vic’s étaient également particulièrement difficiles à identifier puisque Bergeron n’aimait pas partager ses secrets. Son hésitation est en partie due à une rivalité de longue date avec un autre propriétaire de bar, Don Beach, qui possédait le Don the Beachcomber d’Hollywood. C’était en fait le premier bar tiki qui a ouvert ses portes un peu avant le Trader Vic’s, en 1934.
Lorsque les barmans d’Hawaï ont été inondés de commandes de Mai Tai de la part des passagers de navires de croisière récemment débarqués, ils ont fait ce qui était nécessaire : ils ont improvisé. Ils ont créé des concoctions de rhum tropical avec le jus de fruits frais et les liqueurs savoureuses qu’ils avaient sous la main. Beaucoup de ces nouvelles versions étaient délicieuses, mais elles ne correspondaient plus à l’objectif initial de la boisson, qui était de laisser la saveur d’un rhum corsé jouer le rôle principal.
Un monde de variété
Ce classique tiki aurait pu rester fidèle à la route Californie / Hawaï qui l’a rendu si célèbre, mais son destin se mêla à celui du crooner coqueluche Elvis Presley lorsque celui-ci alla à Oahu et Kauai pour son film de 1961, Blue Hawaii. Une version du Mai Tai a fait plusieurs apparitions sensationnelles dans le film populaire, après quoi sa popularité est devenue mondiale. Il a envahi les bars à cocktails américains et est même devenu un favori personnel du futur président américain, Richard Nixon, qui fréquentait un Trader Vic’s à Washington D.C.
Mais, au-delà des bars Trader Vic’s, quelle version du Mai Tai les barmans créaient-ils ? La boisson originale mettant en vedette le spiritueux ? Ou la version qui est devenue si populaire à Hawaï ? La réponse? Les deux. Et bien d’autres encore. Les barmen créatifs du monde entier ont servi des cocktails tropicaux, fruités et glacés de toutes les couleurs lors du grand engouement du Mai Tai des années 1960.
Retour à ses origines
Au cours des 10 à 15 dernières années, le monde des boissons a connu une véritable renaissance du tiki, menée par des barmans artisans qui ont commencé à effectuer des recherches et à faire revivre les origines des cocktails classiques. Cette seconde venue du tiki était une excellente nouvelle pour la recette originale du Mai Tai, qui a été redécouverte et a retrouvé sa juste place sur des listes de cocktails du monde entier.
Les amateurs de rhum et les barmans tiki apprécient et célèbrent la recette pour sa beauté et sa simplicité originales. Ils apprécient également de pouvoir pleinement déguster l’ingrédient vedette – le rhum jamaïcain vieilli de première qualité.
Le Mai Tai Appleton Estate
Conçu spécifiquement pour mettre en valeur les riches saveurs du rhum jamaïcain corsé, l’ingrédient secret de cette recette de cocktail tiki classique est la simplicité même.
2 oz de rhum Appleton Estate 8 ans
½ oz de jus de lime frais
½ oz d’orgeat (sirop d’amande)
½ oz de curaçao à l’orange
Remplir un shaker à la fois avec de la glace concassée et de la glace en cubes et secouer jusqu’à ce que le mélange soit bien frais. Filtrer dans un verre à whisky rempli de glace concassée. Garnir d’une coquille de lime et d’un brin de menthe fraîche.
Maintenant que vous connaissez l’histoire de ce cocktail énigmatique, vous êtes prêt à découvrir ses véritables origines, qui ont inspiré d’innombrables imitations qui n’ont jamais réussi à égaler le goût de sa recette originale, créée pour mettre en vedette le rhum jamaïcain haut de gamme.
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